Facteurs associés au suicide
Il existe de nombreux facteurs associés au suicide, qui peuvent contribuer à augmenter ou à diminuer le risque suicidaire chez un individu donné. Ces facteurs seront ici appelés facteurs de risque et facteurs de protection.
Les facteurs de risque peuvent agir à différents niveaux, et peuvent être divisés en 3 catégories1 :
- Les facteurs prédisposants correspondent aux éléments du passé qui peuvent rendre la personne plus vulnérable (ex : son vécu personnel et ses antécédents familiaux).
- Les facteurs contribuants amplifient la fragilité de l'individu (ex : les abus de substance, un environnement social instable).
- Les facteurs précipitants sont des éléments qui peuvent déclencher une idée ou un comportement suicidaire (ex : la perte d'un emploi, une séparation amoureuse).
À l'opposé, les facteurs de protection1 peuvent diminuer le risque suicidaire grâce aux ressources et aux outils qu'ils procurent à l'individu. Ils sont énumérés ci-bas.
FIGURE 1 Équilibre entre les facteurs de risque et les facteurs de protection.
Au total, la littérature reconnaît près de 75 facteurs associés au suicide2. Devant cette multitude de facteurs, il serait très laborieux d'évaluer la présence de chacun de ceux-ci chez tous les patients. C'est pourquoi certains spécialistes recommandent de rechercher particulièrement les principaux facteurs de risque3.
Principaux facteurs de risque3 :
- Toxicomanie : abus, dépendance, intoxication présente
- Tentatives de suicide antérieures (surtout si lors des 2-3 dernières années)
- Symptômes dépressifs (diagnostiqués ou non)
- Isolement social sévère
- Suicide d'une personne significative
- Problèmes pécuniaires chroniques
- Sexe masculin (particulièrement si âgé de 30 à 49 ans)
- Présence d'un stresseur important ou de relations interpersonnelles conflictuelles (surtout dans un contexte de rupture amoureuse)
- Impulsivité
- Accessibilité et dangerosité des moyens suicidaires envisagés
Note : les 3 premiers facteurs sont les plus importants.
Facteurs de protection4 :
- Soutien de la famille et des amis
- Sentiment d’attachement envers les membres de la famille et les amis
- Liens culturels forts
- Santé physique et mentale
- Liens spirituels forts, participation régulière à des événements à caractère spirituel
- Réussite
- Attitude positive envers l’école et/ou le travail
- Aptitudes à gérer le stress, à communiquer et à résoudre des problèmes
- Peur du suicide et objections morales au suicide
- Sentiment d’appartenance
- Estime de soi positive
- Détection précoce et traitement approprié des troubles psychiatriques
Populations plus vulnérables au suicide4 :
Au même titre que les facteurs de risque doivent être recherchés, certaines caractéristiques individuelles nécessitent d'être reconnues, car elles peuvent impliquer une prise en charge plus étroite et adaptée. Ces caractéristiques réfèrent à celles des populations plus vulnérables.
- Hommes
- Population autochtone (canadienne)
- Personnes homosexuelles, bisexuelles ou transsexuelles
- Jeunes de 15 à 24 ans
- Personnes âgées de 65 ans et plus
- Personnes incarcérées
- Personnes ayant vécu un ou plusieurs épisodes de blessures auto-infligées
- Personnes ayant un problème de santé mentale ou des douleurs chroniques3
- Personnes ayant un problème de dépendance
Les facteurs de risque et les populations vulnérables font partie des paramètres évalués dans les différents outils de dépistage.
Références
1White J, Jodoin N. Guide des stratégies prometteuses pour la prévention du suicide chez les jeunes Autochtones (révisé), Calgary (Alberta): Centre pour la prévention du suicide (Canada), 2004. 278 p.
2Wingate LR et al. Empirically Informed Approaches to Topics in Suicide Risk Assessment, Behavioral Sciences and the Law, 2004; 22:651–665.
3Marsolais G, Dutil B. Cahier de formation - Estimation de la dangerosité dans le cadre de la loi P-38.001, Québec: Agence de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux de Montréal (Canada), 2005. 35 p.
4Lane J et al. Guide de bonnes pratiques en prévention du suicide à l'intention des intervenants des centres de santé et de services sociaux, Québec: Direction des communications, Ministère de la Santé et des Services sociaux (Canada), 2010. 99 p.
5Boileau JC et al. Analyse des rapports des coroners des décès par suicide en Estrie : profils et recommandations, Sherbrooke (Québec): Publications du Centre de santé et de services sociaux - Institut universitaire de gériatrie de Sherbrooke (Canada), 2011. 60 p.
